Les réécritures du Canon dans la littérature féminine de langue anglaise II (2008)


Responsables : Claire Bazin (domaine anglais) et Marie-Claude Perrin-Chenour (domaine américain)

Université Paris X-Nanterre : RER A – station : Nanterre-Université


Pour son colloque annuel des 6 et 7 juin 2008, le groupe de recherche
FAAAM (CREA, EA 370), reconduira le thème de l’année dernière : « Les
réécritures du Canon dans la littérature féminine de langue anglaise ».

D’ores et déjà, nous avons le plaisir d’annoncer la présence comme «
guest speaker » de Cristina Bacchilega , auteur de nombreux ouvrages sur
les contes de fées et leurs réécritures, parmi lesquels le célèbre
Postmodern Fairy Tales. Gender and Narrative Strategies (1997) qu’Anne
Chassagnol avait présenté et discuté lors de notre séminaire d’octobre.

Appel à communications

Dans son essai désormais célèbre : “When We Dead Awaken : Writing as
Re-Vision”, Adrienne Rich écrivait en 1971 : “Re-vision – the act of
looking back, of seeing with fresh eyes, of entering an old text from a
new critical direction – is for women more than a chapter in cultural
history : it is an act of survival” Dans ce même pamphlet, elle
envisageait la réécriture du Canon de la littérature comme une rupture
nécessaire avec le passé (“we need to know the writing of the past, and
know it differently than we have ever known it ; not to pass on a
tradition but to break its hold over us.”).

Rich se référait ici à une longue tradition de textes masculins qu’elle
s’était elle-même employée à « ré-viser » dans ses poèmes reprenant par
exemple, sous forme de commentaires métatextuels critiques, les oeuvres
connues de Yeats, Worsdsworth ou William Blake. Pour elle, la «
ré-vision » n’était pas une simple « transposition » ou « permutation de
textes » (pour reprendre les formules par lesquelles Julia Kristeva
tentait de définir l’intertextualité dans La Révolution du langage
poétique ou dans Séméiotikè). Il ne s’agissait pas non plus d’une
activité purement ludique de type postmoderne. Sans rien céder aux
recherches formelles, Rich voyait la réécriture, d’abord et avant tout,
comme un acte politique.

Depuis les années 70, d’autres femmes-écrivains se sont lancées dans
cette entreprise de relecture, de réinterprétation et d’adaptation des
textes canoniques – en Grande-Bretagne (en particulier avec Angela
Carter) et aux Etats-Unis où les auteures des minorités se plaisent à
jouer avec une double tradition littéraire (masculine et occidendale)
pour lui opposer leur propre double discours (féminin et « ethniques »)
dans une visée à la fois esthétique et politique, leur pratique de
l’écriture décalée du « master’s discourse » rejoignant l’art
afro-américain du « Signifying ».

On essaiera d’envisager ici, par le biais d’analyses minutieuses de
textes féminins, les différentes modalités de ces réécritures, les
relations précises qu’elles établissent entre l’hypertexte et
l’hypotexte et sur quels registres celles-ci fonctionnent. On se
demandera par ailleurs si, comme pour Rich, ces réécritures impliquent
nécessairement une rupture avec un ordre ancien ou si, dans certains
cas, elles s’inscrivent dans un rapport de continuité.

Les propositions de communications sont à envoyer avant le 30 avril à
Claire Bazin (domaine britannique et Commonwealth) ou
à Marie-Claude Perrin-Chenour (domaine américain).